Ecriture de soi, Ecriture de soin

Julia RIOT-VIARD

«Ecrire intérieurement sa vie, chacun le fait sans cesse, le névrosé le fait en hiéroglyphes

et le psychotique sur un écran qui ne prend pas l’encre»

Paul Claude RACAMIER

Nous écrivons tous, c’est un fait, chacun avec sa langue et son histoire. Chaque mot fait signe et chaque groupe de mots fait sens, encore faut-il un interprète. Certaines écritures sont indéchiffrables faute de lexique approprié. Certains d’entre nous ont mis alors au point leur propre code qui pour le commun est non-sens. Mais comment traduire l’intraduisible, comment trouver les bons mots pour dire ses maux, comment rendre l’écran perméable pour voir l’invisible. Tous « les hiéroglyphes » ne sont pas déchiffrables mais qu’importe! Peut-être ce qui fait sens n’est-il que dans leur existence. Celui qui écrit crie et il faut l’entendre. A nous d’encourager la prise d’écrit dans un lieu d’émulation tel que les ateliers d’écriture. A nous de favoriser la lecture et l’interprétation. A nous d’imprimer ce qui ne peut s’exprimer. A nous d’inciter à la transformation du cri en écrit, du premier jet en fable/affabulation, de ce qu’on hait en ce qu’on est, de l’écran noir à la page blanche.
      Comprendre et analyser le lien qui existe entre l’écriture et la psychose dans le cadre thérapeutique institutionnel, tel a été l’objet de notre réflexion. L’écriture étant utilisée comme médiation au sein d’ateliers d’expression.

       Notre questionnement s’est articulé autour du livre Ecriture de la psychose de Bernard Cadoux. Selon lui, l’écriture permet de reconstituer un dedans mal constitué dans l’enfance, et « de faire barrage à l’effondrement psychotique ».
À l’origine, l’enfant confronté à des parents peu présents et peu contenants ne parvient pas à naître psychiquement. En conséquence de ce blanc psychique originaire, le psychotique se ré-invente un monde à lui. C’est dans l’écriture que celui-ci pourra trouver refuge et repère, dans la trace qu’il dépose et qu’il regarde ensuite comme lui-même dans un miroir. L’écriture reconstruirait l’individu psychotique qui s’est éparpillé en morceaux, elle permettrait un rassemblement des différentes parties de soi-même qui n’ont pas été suffisamment intégrées pendant l’enfance.

       Quel rôle joue l’écriture dans le cadre d’un atelier d’écriture en institution ? En nous appuyant sur la conception de Freud, énoncée dans Névrose et Psychose, selon laquelle « le délire est trouvé comme une pièce appliquée là où originellement était apparue une déchirure dans la relation du moi au monde extérieur. » (p. 5), nous imaginons que l’écriture aurait :

  • soit une fonction réorganisatrice, fonction de pansement, pour pallier au délire que le patient s’est construit à la place d’une réalité qu’il nie. (La mise à distance du délire, et des mouvements internes, à travers l’écriture permettant de pouvoir se décentrer de soi et de prendre conscience de ce qu’il y a à l’intérieur de ce soi)
  • soit une fonction désorganisatrice à travers justement ce décentrage opéré par l’écriture qui place le sujet face à une mise en lumière d’un désastre psychique dont il n’avait pas conscience. L’écriture pourrait donc encore plus destructurer l’individu.

      Nous avons réalisé que le rôle de l’écriture varie d’un patient à l’autre et même parfois pour un même patient d’un moment à l’autre. Les deux fonctions réorganisatrice et désorganisatrice se retrouvent donc inévitablement chez presque tous les sujets qui ont été étudiés. Ce que nous allons illustrer par quelques exemples : Mr. D, se trouve parfois en difficulté lorsque nous lui demandons certaines explications après la lecture de son texte. Il ne parvient pas alors à donner un sens aux liens qu’il a spontanément établis entre les mots au moment de l’écriture. Il le dit d’ailleurs lui-même lors de l’entretien qu’il a du mal à se comprendre, à relire plusieurs fois son texte ; ceci nous évoque l’impénétrabilité des affects du psychotique que nous avons abordé précédemment :  « Je ne me comprends pas parfois. Lorsque j’écris c’est cohérent mais lorsque l’on me demande de lire une seconde fois par exemple, comme la dernière fois, j’étais plus du tout dans le coup. » C’est comme si nos incompréhensions vis-à-vis de son texte le positionnaient face à l’incompréhension qu’il a de lui-même. Nous avons d’ailleurs essayé, au cours des séances, de donner du sens là où lui-même n’en donnait pas. Il parle à ce propos « d’une faille » en entretien, une faille qu’il n’arrive pas à combler. Le fait de voir qu’il ne peut pas expliquer ce qu’il a écrit le déstabilise, il coupe sa pensée, se tait, ou bien parle d’autre chose : rupture de sens et de parole. La perte de contact, caractéristique chez le psychotique, rend difficile le maintien d’un processus thérapeutique. Malgré tout, il éprouve du plaisir à écrire, et à se rassembler au moment où il le fait ; il se tient bien, s’applique pour tracer les lettres, regarde sa page comme un peintre regarderait sa toile et il crée sans vraiment savoir quoi parfois, ou bien si, il se crée lui-même dans le mouvement de sa main. Ce rapport à l’écriture nous rappelle ce que pensait Maleval (1998), écrire comme un moyen de fixer sa trace sans rechercher de signification particulière, comme le faisait Antonin Artaud, dans son processus existentiel, qui écrivait seulement pour canaliser ses débordements en faisant parfois fonctionner son corps sans aucun autre sens. L’important est donc seulement donné aux mouvements mettant le corps en action puisque creuser le sens reviendrait à creuser le vide et le mal que celui-ci engendre.   

Mme B. et Mr M. expriment tous les deux l’idée qu’écrire seul est difficile car il n’y a plus la dimension de partage et de sociabilisation du groupe qui permet d’élaborer le texte à travers la parole et l’écoute des autres. Etre reconnu par les autres, être compris structure la pensée déposée et la contient. Le sujet qui écrit seul se retrouve donc face à la mise en mots de ses maux lâchés, projetés sur un morceau de papier, les regarde et souffre de la prise de conscience qui n’est pas élaborée, maintenue et contenue par le regard et la parole des autres. Ce qui peut être mis en lien avec « l’étayage anaclitique » évoqué par Cadoux (1993) parmi les différentes fonctions que doit avoir un atelier d’écriture en psychiatrie ; l’atmosphère, « les pensées flottantes », « les mots chuchotés », autant d’enveloppes qui forment un pare-excitation et qui protègent les individus de la résurgence de leurs démons intérieurs.  
       Pour conclure sur ce premier questionnement, il est possible d’affirmer la présence d’un sentiment ambivalent face à l’écriture qui n’est bénéfique que dans certaines conditions. Chaque personne exprime à la fois un sentiment de restructuration et de destructuration. Le sujet en écrivant se recompose un soi et un corps, mais lorsqu’il voit ce qu’il a recomposé, il s’écrie et se confronte à ses souffrances. Il est donc essentiel d’épauler, d’étayer les écrits, dans le cas des patients étudiés qui adressent finalement tous à leur manière leur texte à un destinataire qui lira leurs maux et leurs créations. Bernard Cadoux évoque en parallèle avec « l’étayage anaclitique », « l’étayage transférentiel »  opéré par les thérapeutes qui mettent en mot les résistances et les transferts qu’ils observent.

       Nous nous sommes également demandé si l’écriture permettait de vérifier sa propre existence et sa permanence à travers les traces laissées qui se gravent quelque part en garantissant l’identité du patient.
Tout d’abord, l’écriture sollicite de la liberté chez Mr C. comme il le dit lui-même à plusieurs reprises ; il se sent libre de s’exprimer. Or dire, ce que l’on a en soi, c’est en quelque sorte exister, se positionner en tant qu’être individué face aux autres. Ce patient nous fait part de ses difficultés à communiquer avec les gens qui l’entourent dans sa vie parce qu’ils n’ont pas les mêmes idées que lui ; alors il s’efface et ne se sent plus être. Comme il le dit lui-même à propos de ce que lui apporte l’atelier d’écriture : « J’ai reçu des coups très douloureux et très durs quand j’ai voulu m’exprimer. Ici je me sens en confiance et je dis ce que je ressens, mes préoccupations ma vision de moi et du monde. Cela m’était interdit jusqu’à présent, pouvoir m’exprimer est vraiment libérateur. La chape de plomb s’est soulevée ». Le cadre lui permet de s’appuyer sur quelque chose de solide comme un équivalent du corps maternel qui sert à l’enfant de support et d’appui pour se forger sa propre identité et sa propre représentation du monde selon Cadoux. L’écriture et le groupe viendraient donc remplacer chez Mr. C un réceptacle dont il n’a pas joui avant son arrivée dans l’atelier d’écriture. Il peut enfin « se mettre au monde » (Cadoux, 1991).
       Mr D. nous répond en entretien à la question « que vous apporte l’atelier d’écriture ? » : « Une renaissance, je considère ça comme un baptême, une renaissance, une ouverture sur l’extérieur, une porte vers l’extérieur. » Il naît en écrivant, en traçant les mots ; en leur donnant une forme, il se forme aussi. Son écriture pourrait être qualifiée de « représentative », au sens de Micheline Enriquez ; elle permet une esquisse de soi, à travers le geste de la main, « une tentative d’arrachement au néant » (Enriquez, 1984). Son écriture l’enveloppe ; il s’applique d’ailleurs à former le tracé des mots parce qu’à travers eux, il se forme lui-même. Ecrire, c’est s’identifier comme différent, c’est se séparer de l’autre : L’Autre au sens de Piera Aulagnier, celui qui est collé à soi ; l’autre, la mère qui a considéré l’enfant comme un prolongement d’elle-même. Il est donc nécessaire de se décoller et de s’individuer. On a aussi noté que Mr D. signe parfois chaque page de son texte, comme une inscription de lui dans la feuille, pour s’assurer que ce qu’il écrit lui appartient. Il aimerait en avoir un avantage pécuniaire comme il le précise à la fin de l’entretien également. Il dira un jour en atelier lors de la séance où nous avions proposé le thème : « lettre à soi-même » qu’il pourrait écrire un livre, laisser une trace, une empreinte.
       Pour Mr M., son rap, c’est sa vie. L’expression à travers le rap lui donne une identité. Il pose un texte, il dépose ses idées, ses mots qu’il définit comme quelque chose qui « représentent les émotion et un partage de l’expérience vécue ». Il s’extériorise, comme il le dit, et il prend confiance en lui quand il réalise qu’il est capable d’écrire, de produire, de créer. Mr M. existe grâce à ce qu’il crée, or comme le dit Winnicott, « c’est seulement en étant créatif que l’individu découvre le soi. » (1971, p.110). Mr M. témoigne d’une créativité « primaire » dans l’acceptation de Winnicott, créativité inhérente à chacun qui se métabolise dans le regard neuf et personnel que l’on pose sur le monde. Mr M. crée ses associations de mots et s’y investit ; il se crée donc un « je » à travers la sensation qu’il se donne de pouvoir les créer. Il utilise donc, la fonction re-narcissisante de la création au sens où l’entend Anzieu et que l’on évoquait dans la présentation de sa théorie.
        Mme B et Mme F, quant à elles, expriment plus un plaisir d’écrire, un plaisir d’école. Elles existent plus à travers la dimension sociale qu’à travers celle de l’écriture. Dans le cas de Mme B., il lui faut du temps pour se mettre à parler d’elle, pour creuser et aller au fond d’elle-même, jusqu’ à sa douleur. On a l’impression qu’elle n’a pas eu le droit à la parole et donc l’écriture et le partage au moment de la lecture sont une liberté. Par l’écriture elle peut trouver une place. Elle écrit pour se faire comprendre, pour exprimer tout ce qu’elle ne peut pas dire. Et par là, elle existe enfin, d’après nous.
        Finalement la correspondance que Mme F. a entretenue pendant 28 ans avec un ami à elle, lui a permis d’exister par la trace écrite qu’elle déposait pour une personne en particulier. Elle a grandi, évolué, muri au côté de son correspondant, près des mots, près des lettres qu’elle écrivait et qu’elle recevait.

        Il semblerait que l’écriture ait donc, pour fonction de procurer un sentiment d’existence mais que ce sentiment est indissociable, dans le cas de tous les sujets, de la présence des autres, de leur écoute. Ce qui nous renvoie à la dimension intersubjective que l’on retrouve dans la notion de fabrique et de groupécriture de Bernard Cadoux. En effet l’écriture, les mots se puisent dans ceux des autres, dans les idées qui nous préexistent. Cadoux propose d’utiliser dans les ateliers « le fonds commun dans lequel on peut puiser sans vergogne » (1993, p.176). Il dira d’ailleurs plus tard que l’écriture se trouve dans une sorte de « complot groupal » (2004, b, p. 41). Il accorde une importance fondamentale au groupe et aux relations entre les individus qui permettent de « soutenir l’émergence de soi » qui jaillit par l’écriture.

        Selon Tosquelles, « la folie est une création et non pas une passivité », pourquoi ne pas conduire le psychotique en atelier d’écriture à remplacer une création par une autre : la folie pour l’écriture. Cette dernière viendrait combler, par son pouvoir de transformation et de représentation, le vide, le clivage opéré pour se sauver et qui est finalement un trop plein d’éléments non élaborés et indéchiffrables laissés de côté. L’écriture favoriserait la mise en mots de ce qui a été mis de côté, garantissant ainsi une trace déposée sur laquelle on peut ensuite revenir plus tard en vue d’une élaboration constructive.
        Antonin Artaud disait « je n’ai jamais écrit que pour fixer et perpétuer la mémoire de ces coupures, de ces scissions, de ces ruptures, de ces chutes brusques et sans fond » (Artaud cité par Brémaud, 2004, p.20) : Ecriture identitaire, écriture représentative pour s’identifier, se tracer, se marquer et s’inscrire à soi-même, quand ce « soi » échappe, se brouille, s’embrouille et se disperse. Ecrire pour se rassembler un corps, pour donner « le squelette de son être » (A. Artaud cité par Brémaud, 2004, p.26), pour se donner une forme ; voilà le travail que permet le geste de la main qui gratte un support, « le subjectile » pour Artaud, « le réceptacle », « la nourrice », « la mère » pour Derrida.
        Cependant nous avons bien conscience que tous les sujets rencontrés n’ont pas totalement le même rapport à l’écriture que celui que nous avons rencontré avec Antonin Artaud. On ne peut d’ailleurs pas inciter ou obliger quelqu’un à écrire mais on peut peut-être accompagner une envie, une once d’intérêt qui pourrait mener la personne à investir une activité à travers laquelle elle pourrait élaborer ses difficultés et ses troubles.
       En conclusion nous pouvons insister sur la dimension intersubjective de l’écriture. Quiconque reconnaît, par sa lecture et sa mise en mots, le texte d‘un autre se positionne comme celui qui garantit l’altérité et l’existence séparée et individuée de celui qui est lu. Nos sujets ayant tous un rapport différent à cette question de l’altérité assurent cependant une illustration de ce qui vient d’être avancé. En effet, Mr D. exprime un fort besoin d’écoute et d’attention au sein du groupe, il signe ses textes pour en retirer un avantage narcissique. Mr M. rappe pour s’adresser aux autres, il rappe avec ses amis ; l’écrit et les cris sont un de leurs moyens pour se réunir en groupe et s’identifier les uns aux autres. Mme B.  ne conçoit pas l’écriture seule de peur d’une résurgence inélaborable de ces affects, elle a besoin du groupe pour s’étayer et se sentir être de même que pour Mme F. Seul Mr C. qui exprime son plaisir à être dans l’atelier et à se sentir écouté, compris et accepté, craint malgré tout d’être lu par d’autres, il aimerait que ses écrits restent confinés dans l’intimité qu’il vit dans l’atelier.
        On peut cependant faire remarquer que l’ouverture à l’autre a parfois ses limites. L’incompréhension persiste. Si nous reprenons l’exemple d’Antonin Artaud et de son aventure avec les Surréalistes nous pouvons saisir le sens de ce qui vient d’être dit. En effet, les Surréalistes jouaient au fou, simulaient la folie ; ils n’ont pas compris pourquoi Artaud ne pouvait pas le faire, lui qui ne simulait pas, il se connaissait avec ses fragilités et ses souffrances « perpétuellement à la lisière du petit néant ». Il n’a pas été compris. La folie garde donc son lot de mystères qui attirent et intriguent, qui fascinent et angoissent.
        L’une des autres potentialités offertes par l’écriture est une mise à distance des phénomènes vécus par le processus de la projection. Le sujet qui écrit dépose un témoignage de sa pensée, il se livre sur le papier. Le détachement opéré permet en quelque sorte des interrogations. Certains questionnements sont d’ailleurs apparus chez nos sujets comme Mr C. qui se demandera un jour en atelier, après avoir écrit un texte de la même manière que toutes les autres fois, pourquoi il se sent obligé d’écrire d’un seul trait. Question à la suite de laquelle, il y eut un long silence de sa part comme si une prise de conscience s’imposait à lui.
        La recherche d’un sentiment d’unité, la tentative de maintien de la structure interne, l’évitement de l’effondrement demandent un effort constant au sujet psychotique. Grâce aux caractéristiques que nous venons de décrire, l’écriture peut être utilisée pour tenter d’assurer ces fonctions.
        Certaines choses restent cependant à questionner autour de la médiation thérapeutique de l’écriture comme par exemple, « l’interprétation » et la lecture des textes variera d’un thérapeute à l’autre selon sa propre sensibilité. Par ailleurs, l’auteur des textes est libre de se réinventer, de se réécrire, de jouer à être un autre ; supposition qui remettrait beaucoup de choses en question dans notre analyse.

        Nous avons remarqué que la question du sens de l’écrit est parfois secondaire au geste lui-même qui produit l’écrit. La trace en elle-même a ses fonctions contenantes, l’emploi de la main, l’œil qui voit, le support et la production.
Les ateliers d’écriture offrent aux sujets un espace  pour faire sortir les mots et les partager dans un moment de plaisir et d’angoisse. Ecrire c’est donc prendre conscience de ce que l’on vit, de ce que l’on ressent ; c’est mettre de l’ordre dans ses souvenirs et en témoigner, c’est aussi faciliter le recentrage sur soi dans le fait de poser ce qui est à l’intérieur sous ses yeux.
        Toutefois écrire représente aussi le risque de se perdre et de mettre au jour ses propres contradictions. Beckett disait « écrire, c’est forer seul son propre trou noir. » Dans la solitude, les mots sont durs et difficiles à relire et à relier.
        Toutes les caractéristiques décrites à propos de l’écriture en font donc une médiation intéressante et utile dans les soins psychiatriques. L’espace thérapeutique et médiateur que fournit un atelier d’écriture est aussi un lieu de jeu entre les différents intervenants et de création de soi. Winnicott rappelle d’ailleurs que « la psychothérapie s’effectue là où deux aires de jeu se chevauchent, celle du patient et celle du thérapeute » (1971, p.109). Ne pourrait-on pas alors parler d’une aire de « je(s) » ?
        Nous avons eu le privilège de partager cette aire de je(s)/jeux avec des hommes et des femmes en souffrance, ce dont nous sommes tout à fait conscients. Notre voudrions également souligner que l’on ne sort pas indemne de ces « je-ux » ; nous avons parfois même été affectés, à certaines séances, et maintes fois remis en question, cernés par la multitude de miroirs qui nous obligeaient à nous plonger au fond de nous-mêmes. D’où l’importance que le thérapeute ait déjà visité son propre labyrinthe pour ne pas être atteint par ce jeu de miroirs.

JULIA RIOT-VIARD


Références bibliographiques

Ouvrage ou chapitre d'ouvrage

* D. Anzieu (1996), « La structure nécessairement narcissique de l’œuvre », In Créer Détruire, Paris, Dunod, p. 27 à 40.
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Catalogues

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* B. Cadoux (1987), « Le séjour aux écritures » interventions in Geste d’encre, édition du Chiendent, C.H.S St Jean de Dieu, p. 21 à 29
* M. Réverbel (1987), interventions in Geste d’encre, édition du Chiendent, C.H.S St Jean de Dieu, p. 16 à 21.

Les articles

* N. Brémaud (2004), « Artaud, écrire, exister… l’écriture dans la psychose », Art et Thérapie, n°86/87, juin 2004, p.20 à 28.
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* B. Cadoux (a, 2004), De l’atelier d’écriture au groupécriture en hôpital psychiatrique, Art et thérapie, n°86/87, juin 2004, p. 43 à 50.
* B. Cadoux (b, 2004), « Le groupécriture : une petite fabrique de subjectivité » Revue française de psychothérapie psychanalytique de groupe, n°41, « Groupe à médiation en pratiques institutionnelles », p.41 à 52.
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* G. Roux (1991), Ecriture spontanée, identité et psychose, Psychologie médicale, « expression et signe », n°23, 10, p. 1173 à 1180.
* S. Tisseron (2001), Le corps, la fabrique d’écriture et les nouvelles technologies, Psychiatrie Française, n°4, 2001, pp. 30 à 38.

Les articles internet

* M. Barberis Bianchi, M. Delage, « L’art thérapie, médiation créatrice »,
* N. Chidiac, « A propos d’un atelier d’écriture… », revue de l’UNAFAM, un autre regard, N°4, Paris, 2005.

Encyclopédie

Trésor de la langue Française. Dictionnaire de la langue du 19ème siècle et du 20ème siècle, Tome n°6, Con- dès-. Edition du centre national de la recherche scientifique. Paris 1978 (1378 pages), Gallimard. CNRS

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